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Diagonales sur Roger Caillois


2-913764-10-X

18,50 €
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Diagonales sur Roger Caillois

Syntaxe du monde, paradoxe de la poésie

Textes réunis et édités par Jean-Patrice Courtois et Isabelle Krzywkowski

Ouvrage collectif, Jean-Patrice Courtois, Gérard Dessons, Odile Felgine, Frédéric Gugelot, Anne-Élisabeth Halpern, Isabelle Kryzwkowski, Annick Louis, Stéphane Massonet, Pierre Vilar

Au fil de ces Diagonales sur Roger Caillois, c’est toute la trajectoire de cet écrivain qui est scrutée. Entre science et poésie, raison et esthétique, l'ambiguïté qui caractérise le poète –entretenue par ce dernier – est passée au crible. On découvre un personnage fascinant, n'appartenant qu'à ses propres idées, un passionné de la cohérence et du réel, qui n'aura de cesse d'inventer une poésie et une pensée toujours plus rigoureuses quoique de traverse.

Quatrième de couverture

Né à Reims en 1913, Roger Caillois s'est affirmé comme l'un des grands intellectuels français qui ont marqué la pensée du vingtième siècle. Son œuvre recoupe une immensité de savoirs qui en font un encyclopédiste tel qu'il fut à lui seul le genre, l'espèce et l'individu. Trouvant dans les sciences à la fois un modèle et le lieu d'un imaginaire, comme le reflètent ses contributions au Collège de Sociologie dont il fut l'un des fondateurs, Caillois construit et parcourt ce qu'il nommera lui-même un « échiquier » dont les cases ont nom philosophie, minéralogie, mythologie, poésie...

Du Surréalisme à l'Académie française, de l'Argentine à la poésie universelle, c'est ce cheminement « en diagonale » que ce livre se propose de présenter.

Remerciements

En commémoration du vingtième anniversaire de la mort de Roger Caillois, l'Université de Reims a organisé un colloque les 11 et 12 décembre 1998 dans le cadre du Centre de recherche sur la Lecture littéraire que dirigeait Bertrand Marchal et avec la collaboration et le soutien de la Société des lecteurs et amis de Roger Caillois. Nous remercions Vincent Jouve, actuel directeur du Centre, d'avoir accordé son concours à la publication.

Tous les articles publiés ici ont fait l'objet d'une communication durant le Colloque.

Nos remerciements vont à Jean-Clarence Lambert, pour l'aide qu'il a apportée à l'organisation de ce colloque et pour avoir bien voulu l'ouvrir par une présentation chaleureuse et éclairée du parcours de Caillois sur le plan de la poésie.

Jean-Patrice Courtois & Isabelle Krzywkowski

Jean-Patrice Courtois – Roger Caillois vers une poétique du modèle des pierres

I. Philosophie et histoire : orientations

Stéphane MassonetDédale et cie : un parcours erratique en marge de la philosophie

Frédéric Gugelot – L’autre croyant – L’expérience du Collège de Sociologie

II. Les ailleurs et le passeur

Odile Felgine – De Lettres Françaises à la collection « La Croix du Sud » : Roger Caillois passeur

Annick Louis – Caillois-Borges ou qu’est-ce qui s’est passé ?

III. Paradoxes de l'imposture : à propos de la poésie

Gérard Dessons – Le critique et son poète

Pierre Vilar – Posture et impostures de la poésie

IV. Science en diagonale

Anne-Élisabeth Halpern – La taupe de l’analogie qui se croyait un papillon : Roger Caillois et la biologie animale

V. Annexes

Isabelle Krzywkowski – Biographie et Aperçu bibliographique

Odile Felgine

De Lettres Françaises à la collection « La Croix du Sud » : Roger Caillois passeur

Dans le numéro 3 de Lettres Françaises, daté du 1er janvier 1942, Roger Caillois donne un fragment du «Pays d’Orphée » de Pierre Emmanuel. Ce poème commence ainsi :

« Le passage silencieux et les roseaux immobiles,
la barque à jamais loin des rives
le passeur s’en est-il endormi et les morts
ont-ils échoué sur des rochers de brume étrange
fouettés des graminées inquiètes de la pluie ? »

Si le passeur Roger Caillois s’est endormi il y a plus de vingt ans, son œuvre en faveur de la littérature sud-américaine, notamment, ne saurait être oubliée. Certes, Roger Caillois ne fut pas le premier médiateur de cette littérature en France. Valéry Larbaud, son prestigieux aîné, avait ouvert puissamment la voie, entouré de quelques autres, Georges Pillement, Francis de Miomandre, Mathilde Pomès. L’œuvre de diffusion de la Revue de l’Amérique latine ne fut pas négligeable non plus. Mais le passage de Roger Caillois ne fut pas silencieux : amorcé dans le bruit et la fureur de la Seconde Guerre Mondiale, il se nourrit et tira son éclat d’une passion et d’une nostalgie, celle de l’Espace américain liée à l’amour d’une femme, Victoria Ocampo, la fondatrice et directrice de SUR, la NRF argentine.

Évoquer le rôle de « passeur » de Roger Caillois, c’est aussi parler de celui de Victoria Ocampo, tant le commerce de ces deux êtres, enrichi de leur propre singularité, fut intense. Ce dialogue, « cette entente rare et péniblement acquise » comme l’écrit Roger Caillois, dépasse nécessairement l’anecdote ou l’indiscrétion. Il appartient, dans une certaine mesure, à l’histoire de la littérature.
En 1939, date du début de leur échange intellectuel (et sentimental) qui dura presque quarante ans, Victoria Ocampo avait publié dans sa revue SUR, fondée le 1er janvier 1931, ainsi que sous le label éditorial du même nom, des textes ou des ouvrages parfois très novateurs d’auteurs européens, tels qu’Henri Michaux ou Benjamin Fondane, fort goûtés par la frange cultivée de ses compatriotes.

Le lectorat cultivé argentin et, plus généralement, hispano- américain, parlait souvent couramment français et anglais, à cette époque, et avait l’habitude, de ce fait, de fréquenter les littératures européennes. Victoria Ocampo innova surtout en l’introduisant, certes modérément, à une certaine modernité, aux littératures d’autres continents (du sous-continent indien, par exemple) et en offrant une véritable place aux auteurs sud-américains.

Roger Caillois, qui n’hésitait pas, en 1939, à se dépeindre en analphabète, tel Lisa Doolitle devant son Pygmalion argentin, fut tout de suite à bonne école auprès de la directrice de SUR. Cette femme d’une sensibilité très fine avait su s’entourer, pour sa revue et sa maison d’édition, de personnes de talent, voire de génie qui lui furent de précieux conseil. Indirectement, Roger Caillois bénéficia aussi de leur influence, même si cela ne se fit pas sans tension. On peut donc dire que Roger Caillois, pour son initiation à ces littératures, fut placé au cœur de la constellation de SUR et jouit du système qui s’était mis en place autour de Victoria Ocampo. Celui-ci reposait sur un réseau actif de relations entre l’Amérique du Nord et l’Amérique dite latine et sur des rapports suivis avec des créateurs et des auteurs européens ou de cultures autres. Il se fondait également sur des rituels, nombreux voyages de l’éditrice au cours desquels des contacts directs étaient établis, correspondances assidues avec des éditeurs ou des écrivains, ainsi que sur les fameux thés du dimanche, offerts à la Villa Victoria à San Isidro. Cette sorte de salon littéraire était très couru, comme l’a raconté Ernesto Sabato.

  • Date de parution : septembre 2002
  • Dimensions : 22,4 cm x 14 cm
  • ISBN-10 : 2-913764-10-X
  • ISBN-13 : 978-2-913764-10-1
  • Nombre de pages : 200
  • Poids : 300g
  • Reliure : Dos carré cousu collé

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